Attention: TRAVAIL EN COURS - Brouillon de May 2001

Ancêtres et descendants des couples

Achille ROLIN et Henriette Coralie LAGRANGE

et

Léon CLADEL et Julia MULHEIM

par

François NIELSEN


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1. But de ce travail

Ce document est un resumé tres succinct des recherches généalogiques que j'ai commencées en été 1999.  Il est destiné a accompagner le fichier généalogique que je vais rendre disponible sur l'internet aux membres de la famille et à certains chercheurs autorisés (veuillez m'envoyer un message a francois_nielsen@unc.edu pour recevoir les mots de passe donnant acces au fichier). Tous les ancetres et descendants connus des deux couples du titre sont representés dans le fichier. Dans ce document-ci je me borne à tracer les grandes lignes de l'histoire de la famille et à donner quelques détails (quand on en a) sur certains de ces ancetres.

Une partie de ce travail est la généalogie ascendante et descendante du couple constitué de Achille ROLIN (Namur 1839 - Ixelles 1926) et de Henriette Coralie LAGRANGE (Saint Josse-ten-Noode1853 - Ixelles 1920).  Ils ont eu 3 enfants:

  1. Henri ROLIN (1874-1946) qui épousa Cora DE JONGH (1885-1950).
  2. Madeleine ROLIN (1879-1966) qui épousa Charles VAN DEN BORREN (1874-1966). Le couple eut une seule fille, Marianne VAN DEN BORREN (1909-1984), qui épousa Safford CAPE (1906-1974). La descendance VAN DEN BORREN est donc confondue avec la descendance CAPE.
  3. Jean André Nicolas ROLIN (1884-1975) qui épousa Esther CLADEL (1881-1965), mes grand-parents.
Une autre partie de ce travail est donc la généalogie ascendante et descendante des parents d' Esther CLADEL, c'est-a-dire le couple Léon CLADEL (Montauban 1835-Sevre 1892) et Julia MULHEIM (? - Paris 6 ca. 1923).

La généalogie du coté paternel et en ligne agnatique de Henriette LAGRANGE était déja disponible dans l'ouvrage de Thierry LAGRANGE sur les descendants de Philippe De la Grange (Lagrange 1985).  Je n'ai rien ajouté au travail de Thierry de ce coté et me contente donc de reproduire l'information qui se trouve dans son ouvrage.  J'ai pu cependant reconstituer assez loin la généalogie de la mere d'Henriette LAGRANGE, Elise LAURILLARD-FALLOT.

Ce résumé est organisé en partant du plus proche (ancetres les plus récents, et a propos desquels on a généralement le plus d'information) jusqu'aux plus éloignés.

J'examine tour a tour les branches ROLIN, LAGRANGE, LAURILLARD-FALLOT, CLADEL, et MULHEIM.

Les femmes sont toujours designées par leur nom de jeune fille, sauf indication contraire.
 

2. ROLIN

1. Achille ROLIN et ses parents Nicolas Joseph ROLIN et Marie Elisabeth WERY

Malgré une rumeur familiale qui le fait originaire de Mons, Achille ROLIN est en fait né a Namur, le 28 novembre 1839, le fils de Nicolas Joseph ROLIN, agé de 28 ans, de profession commis écrivain, et de Marie Elisabeth Joseph WERY, agée de 32 ans, sans profession, fille d'une famille de bouchers de Namur.  Deux ans plus tard, en 1841, naquit une soeur, Léopoldine ROLIN, nommée peut-etre en l'honneur de son oncle Léopold WERY, boucher. (Marie Elisabeth WERY et son frere Léopold semblent avoir été tres proches.)  Au moment de la naissance de Léopoldine Nicolas Joseph ROLIN était commis greffier au Tribunal Civil de Namur.

(Le sort de Léopoldine est a présent un mystere. Je me souviens vaguement d'une conversation avec mon grand-pere, Jean ROLIN, il ya plus de trente ans, dans laquelle il me parlait de sa tante Léopoldine. L'histoire qu'il me racontait était triste, comme si elle avait souffert d'un déboire amoureux et en conséquence ne s'était jamais mariée et s'était retirée dans une ville de province, je ne sais plus laquelle; c'est la un point qu'on pourra peut-etre un jour élucider.)

La famille de Marie Elisabeth WERY doit avoir été bien établie dans la profession de boucher, puisqu'au moment du mariage avec Nicolas Joseph ROLIN la mere de Marie Elisabeth, Marie Joseph DESOMME, qui était veuve et bouchere elle-meme, habitait ... rue des Bouchers, la résidence traditionnelle a Namur des membres de cette profession, qui étaient jadis organisés en guilde. C'est d'ailleurs dans cette rue que se trouve la chapelle dediée a Saint <>, le saint patron des bouchers. Le pere de Marie Elisabeth, Jean Francois WERY, boucher lui aussi, était mort en 1806, quelques mois avant la naissance de Marie Elisabeth.  Les parents de Jean Francois WERY étaient Charles Joseph WERY et Marie Marguerite BLAVIER.  Les parents de Marie Joseph DESOMME étaient Pierre Joseph DESOMME (mort avant 1802) et Françoise Josephe FONTAINES (aussi morte avant 1802).  Je compte poursuivre les recherches du coté WERY/DESOMME dans le futur.

Nicolas Joseph ROLIN est mort en 1854, a l'age de 42 ans, quand Achille avait 14 ans. Il était alors commis greffier au Tribunal de Premiere Instance de Namur. Il semble donc qu'au moment de sa mort prématurée Nicolas Joseph progressait dans une carriere de fonctionnaire de l'administration judiciaire. C'est un point auquel on reviendra plus tard dans la discussion de la mobilité sociale dans la lignée ROLIN.  Je n'ai pas en ce moment d'information sur la facon dont Marie Elizabeth et ses enfants Achille et Léopoldine ont vécu apres la mort de leur pere. On sait que Achille ROLIN était a la fin de sa vie domicilié a Ixelles, ayant fait une carriere de juge qui se termina avec le poste de Président de la Cour d'Appel de Bruxelles. Je ne sais quasi rien sur ses études, les détails de sa carriere, et les endroits ou il a vécu avant Bruxelles. Si vous en savez plus sur la vie d'Achille, ou le sort de sa soeur Léopoldine, SVP faites-le moi savoir.

En 1870 a Bruxelles (ou plus probablement a Saint Josse) Achille ROLIN, qui avait alors 31 ans, épousa Henriette Coralie LAGRANGE, agée de 17 ans, fille de Jacques Eugene LAGRANGE, Lieutenant Colonel de l'Etat Major du Génie et originaire de Deinze en Flandre, et d'Elise Angélique Annette Ferdinande LAURILLARD-FALLOT. La question de savoir comment Achille ROLIN, le juge de Namur, en est venu a rencontrer et éventuellement épouser Henriette LAGRANGE est intéressante et sera poursuivie plus tard.

2. Nicolas Joseph BORLON/ROLIN et les ROLIN de Ciney

Le pere d'Achille ROLIN était né Nicolas Joseph BORLON a Ciney le 7 Mai 1811, fils illégitime de Anne Marie Joseph BORLON, 24 ans et non-mariée. La naissance de l'enfant a été déclarée a la mairie (car Ciney etait une ville francaise a l'époque!) par la sage-femme Marie Françoise PACHER, avec comme témoins Antoine GOBLET, garde-champetre, et Nicolas Joseph BORLON, le frere d'Anne Marie, agé de 30 ans et de profession cultivateur a Ciney.  Nicolas Joseph BORLON devait etre le parrain du nouveau né et a ce titre lui donna son nom. Au moment de la naissance de Nicolas Joseph, donc, pas de trace d'un pere ROLIN dans les documents officiels.  (Et ainsi peut-on aussi disposer de la théorie familiale que l'usage du prénom Nicolas chez les ROLIN serait une tradition remontant au chancelier de Bourgogne!  Les ROLIN tiennent l'usage du prénom Nicolas des BORLON, qui eux-memes le tenaient des SIMON, comme on le verra plus tard.)

Anne Marie BORLON était née le 23 février 1787, et son frere Nicolas Joseph BORLON le 11 octobre 1780, a Petite Eneille (paroisse des Enneilles) dans la province de Luxembourg, un petit village sur le bord de l'Ourthe. Les parents étaient Lambert Joseph BORLON (né en 1750 a Waillet, province de Namur), et Marie Barbe SIMON (née en 1753 a Boisseille, paroisse de Celles, province de Namur), dont la profession est décrite dans les actes paroissiaux comme "fermiers" ou "censiers" du Chateau de la Petite Enneille. Le terme ancien "censier", qui appartient au droit féodal, signifierait "celui qui doit payer le cens", c'est-a-dire "la redevance due au propriétaire d'une terre".  Les BORLON étaient donc tenanciers des terres du chateau. Le couple eut beaucoup d'enfants dont presque tous ont survécu la petite enfance, une circonstance rare a cette époque de mortalité infantile élevée. On notera la naissance de Marie Barbe SIMON dans la paroisse de Celles. On verra plus tard qu'il y a la une connection possible entre les familles ROLIN et BORLON qui peut expliquer la rencontre entre Jean Hubert ROLIN et Anne Marie BORLON et leur union subséquente.

Lambert Joseph BORLON est mort a Ciney le 20 octobre 1810, quand sa fille devait etre enceinte d'environ 2 ou 3 mois.  Lambert Joseph serait'il "mort de chagrin" a la découverte de la grossesse illégitime de sa fille?  Quoiqu' il en soit ce n'est que le 22 octobre 1812 qu'Anne Marie BORLON et le pere présomptif de l'enfant, Jean Hubert ROLIN, 30 ans, de profession meunier, se sont mariés, plus de 15 mois apres la naissance de Nicolas Joseph.  Pourquoi ce long délai? Jean Hubert ROLIN était-il éloigné au moment de la naissance de l'enfant, peut-etre par le service militaire? Etait-il le pere véritable de l'enfant, ou n'a t-il rencontré et épousé la jeune mere célibataire qu'apres coup?  On aimerait entendre les commérages de l'époque a ce propos!  Pour l'instant nous n'avons par les réponses a ces questions. La loi de l'époque ne permettait pas a un enfant illégitime d'etre reconnu automatiquement par le mariage de ses parents. Nicolas Joseph a donc du porter le nom de BORLON pendant toute sa jeunesse. Ce n'est qu'en 1829 qu'il fut finalement possible a Jean Hubert ROLIN et Anne Marie BORLON de reconnaitre et légitimer leur fils. (Ce fut toute une histoire nécessitant un arreté Royal [c-a-d du Roi des Pays-Bas a l'epoque] et un jugement d'un tribunal a Dinant. L'acte de légitimation est ajouté a l'encre rouge sur l'acte de mariage des parents ainsi que sur l'acte de naissance de Nicolas Joseph dans les registres de l'état civil de Ciney.)

Il nous est difficile d'évaluer la honte que le statut d'enfant illégitime, forcé de porter le nom de sa mere, pouvait causer a l'époque. Quoiqu' il en soit, notre Nicolas Joseph, devenu ROLIN en 1829, a quitté Ciney pour s'établir a Namur, peut-etre pour pouvoir plus facilement laisser derriere lui les circonstances de sa naissance illégitime. Aucun echo de la naissance illégitime de Nicolas Joseph ne m'est parvenu par la tradition familiale (malgré la délectation que mon grand-pere aurait pris, j'imagine, a raconter une histoire aussi croustillante!). Est-il possible qu'Achille lui-meme n'ait pas été au courant des circonstances de la naissance de son pere? Apres tout, la tradition familiale a bien transmis certains détails peu flatteurs concernant Jean Hubert ROLIN: qu'il était un meunier au caractere assez tyrannique, qui avait l'habitude de mettre sa femme "au coin" pour la punir de peccadilles. Si l'histoire de la naissance illégitime de Nicolas Joseph avait été connue d'Achille, on ne voit pas pourquoi elle ne nous serait pas parvenue.  Certains aspects de la vie de Nicolas Joseph ROLIN font penser que son départ a Namur représentait une rupture avec Ciney et avec le passé. Il y a le fait que les parents de Nicolas Joseph n'ont pas assisté en personne au mariage de leur fils (unique) a Namur. Ils ont préféré envoyer leur consentement (requis par la loi de l'époque) par acte notarié. En fait, aucun des témoins nommés sur l'acte de mariage n'est de Ciney. Il y a enfin le prénom Achille donné a son fils.  Ce prénom ne provient pas des ROLIN de Ciney, malgré l'habitude encore vivace a l'époque de nommer l'enfant du nom du parrain ou de la marraine, souvent choisi parmi les parents proches (grand-parents, oncles et tantes). La seule trace de la famille de Ciney dans les actes officiels est la presence, comme témoin sur l'acte de naissance d'Achille, de Jean Joseph ROLIN, le cousin germain de Nicolas Joseph, dont on parlera plus tard.

Jean Hubert ROLIN, le pere de Nicolas Joseph, était donc meunier dans sa jeunesse. Jean Hubert avait un frere deux ans plus jeune que lui, Francois Joseph ROLIN, que les actes décrivent soit comme "meunier", soit comme "garçon meunier".  Jean Hubert ROLIN signe lui-meme tous les actes officiels.  (Sa signature est caractéristique, avec "huber" sans "t" final et sans majuscule.)  Francois Joseph signe parfois lui-meme, et parfois est declaré ne pas savoir écrire.  Plus tard, toujour d'apres les actes, les freres ROLIN deviennent tous les deux "cabaretiers". Il est en fait probable qu'ils exploitaient ensemble le meme établissement. Francois Joseph épousa en 1808 Anne marie Victoire MAHOUX, de Ciney, dont il eu plusieurs enfants.  L'un d'eux était Jean Joseph ROLIN, né le 14 janvier 1813 et donc proche en age de son cousin germain Nicolas Joseph, né en 1811. On imagine que les deux cousins, qui étaient presque contemporains et ont peut etre été élevés ensemble, ont pu etre tres proches, comme des freres plutot que des cousins. (Il existe peut etre encore des descendants de Jean Joseph ROLIN a Ciney que l'on pourra essayer de retrouver.)  Quoiqu' il en soit, il y a beaucoup de resemblance entre les carrieres de Jean Joseph et de Nicolas Joseph. Tous les deux ont du poursuivre une carriere scolaire relativement longue pour l'époque, et tous les deux se sont engagés dans des carrieres de fonctionaires: Nicolas Joseph, on l'a vu, comme commis greffier; Jean Joseph comme secrétaire de la commune de Ciney d'abord, et plus tard comme huissier de justice. Meme les signatures des deux cousins se resemblent, comme s'ils s'étaient concertés pour les mettre au point, ou comme s'ils s'étaient inspire du meme modele (un professeur d'école?).

3. Les ROLIN et les LYSIN de Jannee-Pessoux

Jean Hubert ROLIN et Francois Joseph ROLIN etaient nés, le 7 avril 1782 et le 18 mars 1784 respectivement, a Jannée, un tout petit hameau dépendent de la paroisse de Pessoux pres de Ciney.  Jannée se trouve sur la route N4 actuelle, a quelques km de Ciney; il s'y trouve un chateau (que l'on peut visiter) qui appartenait a l'époque a la famille WOOT DE TRIXHE.  Le propriétaire actuel, sans doute un descendant, est Charles DE WOOT DE JANNEE.  Hubert et François étaient les fils de Jean ROLIN et de Anne LYSIN.  Anne LYSIN était elle-meme née a Jannée-Pessoux le 28 février 1753, la fille de Hubert LYSIN et Marie Barbe DELVAUX.

L'enfance des freres ROLIN a bien pu etre le nadir socio-économique de l'histoire de la famille ROLIN. En effet leur grand-pere Hubert LYSIN est mort le 11 décembre 1788, et leur pere, Jean ROLIN, est mort 3 mois apres le 20 mars 1789. (On ne sait la cause de la mort ni d'Hubert LYSIN ni de Jean ROLIN, mais dans chacun des cas l'acte de sépulture constate que la mort a été imprévue, de sorte que les sacrements de l'Eglise n'ont pas pu etre administrés a temps; ils ont été inhumés dans le cimetiere de Pessoux, mais les tombes aussi anciennes n'existent plus.)  Anne LYSIN ne s'est jamais remariée.  Il semble donc que, privée du support de son mari ainsi que de son pere, Anne a du élever ses deux garçons toute seule. L'acte de décés d'Anne LYSIN, a Ciney le 16 septembre 1822, décrit sa profession comme journaliere, c'est-a-dire ouvriere payée a la journée, une des occupations les plus humbles et pauvrement payées de l'époque.  (L'employé de la Maison Communale en 1822 écrit en fait "journaillere", une orthographe qui devait correspondre a la prononciation locale du mot.)

C'est a propos des origines de Jean ROLIN que se pose la question la plus difficile de la genealogie ROLIN. Jean ROLIN n'était pas né dans la paroisse de Pessoux. Le seul document qui contienne une trace de ses origines (et donc un lien avec les ancetres plus lointains) est l'acte de mariage de Jean ROLIN avec Anne LYSIN le 20 janvier 1782 (2 mois et demi avant la naissance de Hubert!) dans l'église de Pessoux. Je reproduis ici une copie de ce document pour donner une idée concrete de la façon dont l'énigme se présente.

L'acte de mariage indique que Jean ROLIN était paroissien de Ciney, mais avait été baptisé en l'église de "Seille". C'est ce dernier mot qui constitue un mystere. Il y a en effet une paroisse de Seilles dans le diocese de Liege, pres d'Andenne. Mais ce n'est pas la le lieu d'origine de Jean car il n'y a aucun ROLIN a Seilles dans deux siecles de registres paroissiaux. Il faut donc chercher une paroisse homonyme qui ait pu etre entendue comme "Seille" par Lambert Toussaint, le curé de Pessoux au moment du mariage. Il y a bien un village de Cielle-Marcourt dans le Luxembourg, pas tres loin de Pessoux, mais pas de ROLIN la non plus. Il n'y a pas moins de trois paroisses nommées Celles en Belgique: Celles-lez-Dinant (prononcé cél' en wallon), Celles-lez-Tournai (chèl'), et Celles-lez-Waremme (cèl').

4. Les ROLIN de Celles et de Drehance

C'est dans la paroisse la plus proche, Celles-lez-Dinant dans la province de Namur, que l'on trouve une naissance plausible: celle de Jean Joseph ROLIN, né dans le hameau de Bry, paroisse de Celles, le 24 juin 1738. Il est le fils de Guillaume ROLIN et de Barbe DE HUY. Le cahier paroissial indique une autre naissance du meme couple: Hubert Joseph ROLIN, ne le 10 février 1741. Mais ces deux naissances sont les seules mentions de ROLIN dans les registres paroissiaux de Celles, et on ne sait donc rien des origines plus lointaines du couple ROLIN-DE HUY. Ni l'un ni l'autre ne sont nés a Celles ni y sont morts. Dans une telle situation en généalogie, la seule façon de sortir de l'impasse en général est de fouiller systématiquement les registres de toutes les paroisses avoisinantes pour retrouver l'acte de naissance d'un des parents ou l'acte de mariage.

C'est a ce moment de ma recherche que j'ai bénéficié d'un coup de chance incroyable grace a l'internet et au site du LDS (Church of Christ of Latter Days Saints, c-a-d les Mormons). Il se fait que nous avons une lointaine parente, née Opal Lambert, dont le grand-pere avait émigré de Belgique aux EU, et qui avait pu faire remonter sa généalogie jusqu'a des ROLIN de Dréhance, un petit village situé sur la hauteur de la Meuse pres de Dinant dans la province de Namur, a environ <> km de Celles. Elle avait confié le resultat de ses recherches au LDS sous la forme d'un "ancestral file" (fichier généalogique électronique) disponible publiquement sur l'internet. La généalogie d'Opal Lambert comprenait un Guillaume ROLIN né a Dréhance le 14 avril 1715 qui avait épousé la une Barbe DE HUY en 1734. Le couple avait eu plusieurs enfants a Dréhance: Marie Barbe ROLIN en 1735, Guillaume Joseph ROLIN en 1745, et Marie Catherine ROLIN en 1752. Donc les deux freres nés a Celles en 1738 et 1741 venaient combler tres plausiblement le trou de 10 ans entre les naissances de Marie Barbe en 1735 et de Guillaume Joseph en 1745!  Il n'y a donc pratiquement pas de doute qu'il s'agit bien du meme couple.  Ils ont du vivre a Celles pendant une période, durant laquelle ils ont eu Jean Joseph en 1738 et Hubert Joseph en 1741, et sont plus tard retournés a Dréhance, ou ils sont d'ailleurs décédés, Guillaume ROLIN en 1793 et Barbe DE HUY en 1794.  (Un certain doute subsiste concernant la date du déces de Guillaume, car il y avait plusieurs Guillaume ROLIN vivant a la meme époque a Dréhance; mais cette attribution semble la plus probable.)

S'il semble établi que le Jean Joseph ROLIN né a Bry-Celles est bien le fils du couple de Dréhance, quelle preuve a-t'on que ce Jean Joseph ROLIN est bien le Jean ROLIN que l'on retrouve épousant Anne LYSIN a Pessoux en 1782, a part la similitude de nom, la proximité de lieux, et l'homonymie "Seille-Celles"?  On n'a pas de preuve absolue de l'hypothese, mais il y a plusieurs circonstances qui l'appuyent:

  1. On ne trouve pas d'autre mention de Jean Joseph ROLIN, ni a Celles ni a Dréhance, donc il ne s'est pas marié ni n'est décédé la.
  2. L'hypothese explique l'identité de Marie Catherine ROLIN, nommée comme maraine sur l'acte de naissance de Jean Hubert ROLIN (le fils de Jean) a Jannée le 7 avril 1782.  Marie Catherine est alors simplement la soeur de Jean Joseph, née a Dréhance le 13 Jan 1752.  Il n'y a pas d'autre Marie Catherine ROLIN née a Ciney et d'age a etre marraine a cette époque.
  3. L'hypothese explique la présence comme parrain du deuxieme fils de Jean ROLIN, François Joseph, né a Jannée en 1784, d'un nommé François Valentin TAMBOUR.  On ne trouve pas de TAMBOUR dans la famille du Jean Joseph ROLIN de Bry-Celles, mais bien un François Valentin BOURTEMBOURG, son neveu "a la mode de bretagne" (c-a-d le fils de sa cousine germaine Jeanne Joseph ROLIN qui avait epousé un Nicholas BOURTEMBOURG).  Est-ce que le curé de Pessoux aurait mal entendu et compris "TAMBOUR" plutot que "BOURTEMBOURG"?  On ne doit meme pas en supposer autant, car on sait grace a une coincidence assez extraordinaire que François Valentin BOURTEMBOURG se faisait couramment appeler "TAMBOUR".  En effet, lorsque François Valentin se marie (pour la seconde fois) a Ciney en 1812 avec Marguerite LEFEBVRE, les parents de l'épouse, Gaspar Joseph LEFEBVRE et Barbe Joseph PORIGNAUX, donnent leur consentement écrit au mariage de leur fille avec "le Sieur Tambour", ce qui montre bien que "TAMBOUR" était une abbréviation habituelle de BOURTEMBOURG!


La recherche d'Opal LAMBERT, confimee et dans certains cas augmentee par ma propre etude des registres paraissiaux de Drehance, fait de Guillaume ROLIN le fils de Philippe ROLIN ne vers 1678 et de Jeanne Catherine LEFEBVRE (l'orthographe du nom varie beaucoup) nee a Drehance en 1682. Jeanne Catherine LEFEBVRE est morte a Drehance le 11 janvier 1773 a l'age de 92 ans, ce qui etait suffisammment exceptionel a l'epoque pour que le cure le mentionne dans l'acte de sepulture. Philipe ROLIN est decede a Drehance aussi mais beaucoup plus tot, en 1723. On ne sait rien de la profession ou de l'etat des ROLIN de Drehance, puisque ces renseignements ne sont generalement pas founis dans les cahiers paroissiaux jusqu'a la fin du 18me siecle. Exceptionellement, l'acte de deces de Philippe ROLIN mentionne, d'une facon tres laconique, qu'il etait le bourgmestre de Drehance ("<>"). Il devait donc etre un personnage assez important dans le contexte de ce petit village. Cette imp;ression est confirmee par une etude des confirmations (Catholiques) qui sont notees dans les registres paroissiaux. Philippe est tres souvent choisi comme parrain (patrinus) au moment de la confirmation de beaucoup de garcons a Drehance, autre indice d'une certaine importance sociale. Le beau pere de Philippe, Hubert LEFEBVRE, etait lui aussi bourgmestre de Drehance au moment de sa mort en 1700, et il se pourrait que Philippe ROLIN l'ait alors remplace a ce poste. (Cela vaudrait la peine d'en apprendre plus sur le role de bourgmestre d'un petit village comme Drehance sous l'ancien regime.)

Philippe ROLIN semble etre lui-meme le fils d'un Philippe ROLIN qui a du naitre vers 1650, et dont la femme s'appelait Catherine HALEN. Le couple aurait eu un autre enfant, une fille Rolande nee a Drehance en 1671. Cette reconstruction est en partie speculative, car on se trouve a une epoque proche du debut des cahiers paroissiaux, les actes sont laconiques et les ecritures parfois tres difficiles a lire.

Les origines de Barbe DE HUY (femme de Guillaume ROLIN et mere de Jean Joseph ROLIN) pourront etre l'objet de recherchees plus approfondies. Un frere de Guillaume, Philippe, avait epouse Anne Marie DE HUY, une soeur de Barbe. (C'etait alors coutume courante, semble-t'il, pour des freres et soeurs d'une famille d'epouser plusieurs freres et soeurs d'une autre famille. Dans notre histoire familiale, outre l'association ROLIN-DE HUY il ya eu un arrangement semblable ROLIN-BOURTEMBOURG et plus anciennement ROLIN-LEFEBVRE.)  Certains documents donnent a penser que les DE HUY proviendraient de la paroisse de Custinne, sur la Lesse pas tres loin de Drehance, mais la recherche de ce cote reste a faire.

5.  La mobilite sociale chez les ROLIN de Ciney et de Namur

Les ROLIN de Ciney (et plus tard de Namur et Bruxelles) ont eut l'experience d'une mobilite social considerable, aboutissant a la carriere d'Achille come President de la Cour d'Appel de Bruxelles, et a fortiori celle de son fils Henri ROLIN, President de la Cour de Cassation.  Cette ascension professionelle et sociale de la famille a deux aspects intriguants.  Ce sont que (1) la mobilite s'est poursuivie non pas sur une mais sur plusieurs generations, et (2) le phenomene de mobilite ascendante s'est produit non pas seulement dans la lignee directe de Hubert ROLIN (grand-pere d'Achille) mais aussi parmi les descendants de Francois Joseph ROLIN (frere de Hubert et donc grand-oncle d'Achille).

On peut se faire une idee plus riche du milieu social de nos ancetres en examinant les actes de mariages.  Les actes de mariage (a partir du debut de l'etat civil vers 1795) donnaient l'age et la profession des personnes presentes.  Ils constituaient donc des mini-sondages du milieu social proche des epoux, et permettent donc de se rendre compte de leur situation sociale.  (On admettra que les epoux ont pu avoir tendance a choisir de preference comme temoins leurs parents et amis les plus "presentables" du point de vue de leur profession, et de leur capacite d'ecrire pour signer l'acte.  Donc l'echantillon peut donner une idee un peu optimiste du milieu social reel des epoux.)  Les tableaux ci-dessous, arranges chronologiquement, resument l'information sur les personnes presentes aux mariages dans la famille ROLIN a Ciney et a Namur dans le cour du 19e siecle.  (J'y ajouterai l'acte de mariage d'Achile ROLIN et Henriette LAGRANGE quand je mettrai la main dessus.)  Pour faciliter la localisation des personnes dans la famille j'ai indique en rouge la relation du conjoint ROLIN avec Achille.

Personnes Presentes aux Mariages des Rolin de Ciney et de Namur, 1812-18<>

 
Mariage de Francois Joseph ROLIN [grand oncle d'Achille] et Anne Marie Joseph Victoire MAHOUX
Ciney, Sambre-et-Meuse, 28 Jan 1808
Nom Relation Age Profession Residence
Francois Joseph ROLIN epoux 23 meunier Ciney
Anne M. J. V. MAHOUX epouse 24 Ciney
Joseph MAHOUX temoin, oncle de l'epouse 52 boucher Ciney
Joseph VINCENT temoin, beau-frere de l'epouse 35 voiturier Ciney
Guilleaume MARCIN temoin 34 potier Ciney
Francois DELAITTE temoin 41 proprietaire Ciney

 
Mariage de Jean Hubert ROLIN [grand pere d'Achille] et Anne Marie Joseph BORLON
Ciney, Sambre-et-Meuse, 22 Oct 1812
Nom Relation Age Profession Residence
Jean Hubert ROLIN epoux 30 meunier Ciney
Anne Marie Joseph BORLON epouse 25 Ciney
Jean Joseph VINCENT temoin 40 cabaretier Ciney
Jacques MAHOUX temoin 27 boucher Ciney
Nicolas SIMON [BORLON]* temoin [frere de l'epouse] 32 cultivateur Ciney
Jean Baptiste PUFFET temoin 25 marechal ferrant Ciney
*le nom SIMON est porte par error car le temoin signe N. Borlon.  Nicolas BORLON est le frere de l'epouse.
 
 
Mariage de Jean Joseph ROLIN [cousin germain du pere d'Achille] et Marie Joseph ROUARD
Ciney, Namur, 29 Jul 1833
Nom Relation Age Profession Residence
Jean Joseph ROLIN epoux 20 commis Ciney
Francois Joseph ROLIN pere de l'epoux cabaretier Ciney
Marie Joseph MAHOUX mere de l'epoux menagere Ciney
Marie Joseph ROUARD epouse 22 sans Ciney
Jean Joseph ROUARD pere de l'epouse potier en terre Ciney
Anne Francoise DINOT mere de l'epouse menagere Ciney
Antoine Joseph POTIE temoin 45 journalier Ciney
Nicolas Joseph DUPONT temoin 27 menuisier Ciney
Francois Joseph ROUARD temoin 29 potier en terre Ciney
Guilleaume Francois MARCIN temoin 59 potier en terre Ciney

 
Mariage de Nicolas Joseph ROLIN [pere d'Achille] et Marie Elisabeth Joseph WERY
Namur, Namur, 10 Oct 1838
Nom Relation Age Profession Residence
Nicolas Joseph ROLIN epoux 27 commis ecrivain Namur
Jean Hubert ROLIN pere de l'epoux cabaretier Ciney
Anne Marie Joseph BORLON mere de l'epoux cabaretiere Ciney
Marie Elisabeth Joseph WERY epouse 31 sans Namur
Jean Francois WERY (+) pere de l'epouse Namur
Marie Joseph DESOMME mere de l'epouse bouchere Namur
Joseph ENGLEBERT temoin 28 Premier Commis a la direction de l'enregistrement et des domaines Namur
Jean Francois CORNET temoin 38 couvreur en ardoises Namur
Leopold WERY temoin, frere de l'epouse 33 boucher Namur
Francois PAQUET temoin, cousin germain de l'epouse 32 marchand boucher Namur

 
 
Mariage de Baptiste Auguste ROLIN [fils du grand oncle d'Achille] et Marguerite Josephine DUVIVIER
Ciney, Namur, 13 Feb 1850
Nom Relation Age Profession Residence
Baptiste Auguste ROLIN epoux 29 ouvrier-menuisier Ciney
Francois ROLIN (+) pere de l'epoux cabaretier Ciney
Marie Joseph MAHOUX mere de l'epoux cabaretiere Ciney
Marguerite Jos. DUVIVIER epouse 31 sans Ciney
Pierre Joseph DUVIVIER(+) pere de l'epouse charretier Ciney
Marie Joseph PESESSE mere de l'epouse menagere Ciney
Jean Baptiste WILLEM temoin 45 menuisier Ciney
Julien VINCENT temoin 35 sans Ciney
Theodore WAITTE temoin 30 horloger Ciney
Maurice (?) TILLIEUX temoin 30 meunier Ciney

 
Mariage de Joseph Bernard ROUARD et Marie Joseph Hubertine ROLIN [fille du grand oncle d'Achille]
Ciney, Namur, 9 Apr 1851
Nom Relation Age Profession Residence
Joseph Bernard ROUARD epoux 30 secretaire communal Ciney
Jacques Antoine ROUARD pere de l'epoux marchand de grain Ciney
Marie Joseph DUPONT mere de l'epoux menagere Ciney
Marie Jos. Hubertine ROLIN epouse 26 sans Ciney
Francois Joseph ROLIN (+) pere de l'epouse cabaretier Ciney
Marie Joseph MAHOUX mere de l'epouse cabaretiere Ciney
Bernard Joseph ROUARD temoin, frere de l'epoux 44 cordonnier Ciney
Louis PIRLOT temoin 50 praticien (?) Ciney
Theodore WAITTE temoin 30 horloger Ciney
Maurice (?) MAHOUX temoin, cousin germain de l'epouse 24 ouvrier horloger Ciney
Emile GENDEBIEN temoin, cousin germain de l'epouse 24 huilier (tuilier ?) Ciney

 
Mariage de Auguste Emmanuel CHARLES et Marie Josephe ROLIN [petite cousine d'Achille]
Ciney, Namur, 29 Jul 1867
Nom Relation Age Profession Residence
Auguste Emmanuel CHARLES epoux 23 clerc-de-notaire Ciney
Melchior CHARLES pere de l'epoux huissier Namur
Marie Therese Joseph POTIE (+) mere de l'epoux sans Namur
Marie Josephe ROLIN epouse 24 sans Ciney
Jean Joseph ROLIN pere de l'epouse huissier Ciney
Marie Joseph ROUARD mere de l'epouse sans Ciney
Nicolas Remi Joseph HAUZEUR temoin 61 juge de paix Ciney
Louis Antoine Joseph BOSERET temoin 49 notaire Ciney
Pierre Francois Ernest DINON temoin 38 Docteur en droit Ciney
Bernard ROUARD temoin 47 Secretaire Communal Ciney

 

3. LAGRANGE

1. Henriette LAGRANGE et ses parents, Jacques Eugene LAGRANGE et Elise LAURILLARD-FALLOT

La femme d'Achille ROLIN, Henriette Coralie LAGRANGE, est nee a Saint-Josse-ten-Noode le <>, fille de Jacques Eugene LAGRANGE, alors Lieutenant Colonel de l'Etat Major du Genie, et de Elise Angelique Annette Ferdinande LAURILLARD-FALLOT, rue de Galilee No <>. (Cette maison, qui n'existe plus, se trouvait a l'emplacement du building de la Prevoyance Sociale actuel., vers le haut du boulevard botanique.)  On sait qu'Henriette LAGRANGE etait une aquareliste remarquable dont beaucoup de paysages nous sont parvenus, y compris de nombreuses scenes de la campagne autour de Genk dans le Limbourg, ou les ROLIN avaient une maison de campagne. (Son second prenom, Coralie, a peut etre une origine emouvante que nous verrons plus tard.)  Le pere d'Henriette, Jacques Eugene LAGRANGE, etait originaire de Deinze en Flandre Orientale. La genealogie des LAGRANGE a ete etudiee en detail dans l'ouvrage de Thierry LAGRANGE (1985) et je ne m'etendrai donc pas de ce cote, sauf pour noter que, tout comme notre heritage ROLIN est wallon, du cote LAGRANGE, et malgre le patronyme francais, l'heritage de la famille, avec de beaux noms des Flandres tels que COPPENS, WATERSCHOOT, HINNEBERT, et HERCK, est surtout Flamand.

Jacques Eugene LAGRANGE etait ne a Deinze en 1806 et est mort (a Saint Josse-ten-Noode ou a Bruxelles) en 1863, avec le grade de Colonel de l'Etat Major du Genie. (Le Musee de l'Armee a Bruxelles devrait avoir son dossier militaire, qui est maintenant disponible, au cas ou un membre de la famille LAGRANGE voudrait approfondir la vie de Jacques Eugene. M. Boeyens, le conservateur du Musee,  m'a tres aimablement fourni les dossiers de Salomon Louis et Charles Antoine Guillaume LAURILLARD-FALLOT dont on parlera plus tard.)  Il fut professeur a l'Ecole Militaire a Bruxelles, et en a ete plus tard le Directeur.

Elise LAURILLARD-FALLOT etait une femme remarquable dont l'influence sur les familles ROLIN et LAGRANGE de Bruxelles fut considerable. Une des raisons de son influence est qu'elle a vecu tres longtemps. Nee a Namur le <> 1828, elle est morte a Bruxelles ou Saint Josse en 1917, ayant survecu a son mari (qui avait 22 ans de plus qu'elle) pendant 54 ans. Elle a publie (sous son nom d'epouse Elise LAGRANGE, et donc a ne pas confondre avec sa fille nee avec le meme nom) plusieurs livres, tels que Petites choses et grandes lecons, et Le duc de Marlborough en Belgique. Un fait capital pour notre histoire familiale est le fait qu'elle a aussi publie, en 1904, un ouvrage intitule Les freres Laurillard-Fallot - Souvenirs de deux officiers du temps de l'Empire, qui contient, avec ses commentaires, les memoires et de la correspondance choisie de son pere, Charles Guillaume Antoine LAURILLARD-FALLOT et de son oncle Salomon Louis LAURILLARD-FALLOT. Ce gros volume de plus de 600 pages est une source irremplaceable sur l'histoire de cette branche de la famille. Finalement, c'est Elise qui a introduisit la religion Protestante chez les LAGRANGE de Bruxelles, religion qu'elle tenait de son pere Charles, et malgre que celui-ci soit mort prematurement quand Elise n'avait que 14 ans. Mais n'anticipons pas.

2. Les freres LAURILLARD-FALLOT et la famille BUYDENS de Namur

Elise LAURILLARD-FALLOT etait nee le <> 1828 a Namur, la fille de Charles Guillaume Antoine LAURILLARD-FALLOT , "capitaine du Genie en non-activite" age de 41 ans, et de Petronille Henriette BUYDENS, agee de 19 ans, sans profession. (Petronille signe l'acte de mariage P. Henriette Buydens, ce qui semble indiquer qu' Henriette etait son prenom usuel. "Petronille" devait deja paraitre viellot a l'epoque!) Charles etait ne a La Haye en Hollande dans une famille de Huguenots en provenance de Montbeliard (dans le departement francais du Doubs actuel), refugiee en Hollande vers le debut du 18me siecle pour fuire les persecutions religieuses. Le pere de Charles, Antoine LAURILLARD-FALLOT etait medecin, sa mere Anne BERTEAUX (l'orthographe du nom varie) etait la fille d'un autre refugie protestant, Salomon BERTEAUX et de Annelise VAN VLIET, fille d'un officier de la garde du Stadhouder de Hollande. (Ces Huguenots refugies semblaient constituer une petite societe endogame a part au sein de la societe hollandaise a l'epoque.  A part le marriage BERTEAUX-VAN VLIET, ils se sont maries entre francais pendant un siecle.)

Comment notre ancetre Charles Guillaume Antoine LAURILLARD-FALLOT est-il arrive en Belgique pour nous servir d'ancetre?  L'histoire, compliquee, est contenue dans les memoires publies par Elise LAURILLARD-FALLOT (sous le nom d'Elise LAGRANGE). En voici les grandes lignes. Antoine LAURILLARD-FALLOT et Anne BERTEAUX avaient eu 4 fils et deux filles. La soeur ainee (dont le prenom n'a pas encore ete identifie) est morte jeune. L'aine des freres etait George (surnome "Coos"), ne a La Haye en 17<>. George fit des etudes d'humanites brillantes. On aurait voulu, puisqu'il etait l'aine, qu'il s'engage dans la profession de famille, qui etait la medecine, mais il a prefere une carriere militaire et s'est engage en 18<> dans l'armee Batave qui faisait alors partie de l'Empire francais. On a de Salomon Louis L-F le portrait suivant de son frere (Lagrange 1804, p. 10).

Mon frere aine Georges est mort a Moscou [en 18<>], Lieutenant adjutant-major des Lanciers rouges de la Garde; c'etait le plus beau garcon qu'il fut possible de voir et il joignait a ses avantages physiques des facultes intellectuelles et des qualites morales tout exceptionnelles.  Passione pour l'etude, retenant tout ce qu'il lisait et lisant tout ce qui lui tombait sous la main, il avait amasse une immense somme de connaissances et en faisait la plus heureuse application.  Aussi mon pere l'adorait-il; et n'avait-il regret a aucun sacrifice quand il s'agissait de lui.
George est mort de maladie (de "fievre cerebrale") le <> 1812 a Moscou, pendant la campagne de Russie.

Le deuxieme frere, Salomon Louis "Sam" L-F, est ne a La Haye le <> 1783. Malgre qu'il ne soit pas notre ancetre direct, il a ete tres proche de son frere Charles (notre ancetre) pendant toute leur vie, et son histoire est melee de facon inextricable au  destin de ce dernier (et donc indirectement a notre existence a tous) comme on va le voir. En bref, Salomon Louis avait aussi fait de tres belles humanites, puis avait etudie la philosophie, ce en quoi il reussissait brillament. Enfin il se tourna vers la medecine, un peu pour remplacer son frere George dans cette profession. Une fois son diplome obtenu il s'engagea lui aussi dans l'armee, dans une carriere de medecin militaire. Cela se passait en 18<>, au debut de l'epopee Napoleonienne en Europe. Qu'il sufisse de dire que Salomon Louis eut une vie tres mouvementee, participant a de nombreuses campagnes, etant fait prisonnier par les Anglais au Portugal et passant deux ans comme prisonnier, d'abord dans les fameux pontons, puis sur la terre ferme, jusqu'a ce qu'il soit libere en <>. (J'aurais bien voulu que mon oncle Denys ROLIN, qui fur prisonner en Allemagne pendant presque toute la seconde guerre, sache cette histoire, puisqu'il aurait bien pu s'identifier avec son ancetre a propos de cette experience. Mais sa mort ne m'a pas laisse le temps de lui communiquer ces faits.)  Le recit des aventures de Salomon Louis est tellement interessant d'un point de vue historique que la partie du volume contribuee par Salomon Louis a ete republiee en 1998 par une maison d'edition francaise dans le cadre d'une collection sur l'Empire (200 ans apres), sous le titre <>. Apres la bataille de Waterloo en 1815 et la chute de l'Empire, Salomon Louis reprit du service dans l'armee hollandaise, et fut affecte comme medecin principal de l'hopital militaire de Namur (ville belge qui faisait alors partie des Pays Bas, comme on sait). A son arrivee a Namur, son predecesseur au poste de medecin principal l'introduisit aupres des BUYDENS, une famille bien etable a Namur, dont le pere, Nicolas Francois BUYDENS, etait un "notaire royal" prospere. La personne qui avait voulu rencontrer Salomon Louis, cependant, etait la mere, Marie Angelique ANTOINE.  Apres avoir eu 8 enfants, Marie Angelique avait ouvert une entreprise de negoce de vin et avait, grace a l'appuis du predecesseur de Salomon Louis, obtenu la fourniture en vin de l'hopital militaire. Marie Angelique voulait donc rencontrer le nouveau chef de l'hopital dans l'espoir de gagner son amitie et conserver ainsi un marche lucratif. En fait Salomon Louis trouva les BUYDENS tres sympatique, et en particulier une des filles, Angelique, nee a Namur le <>.  (Angelique avait donc <> ans de moins que Salomon Louis; comme on va le voir, c'etait une veritable habitude pour les hommes de cette famille d'epouser des femmes beaucoup plus jeunes qu'eux.)  Les BUYDENS aimaient beaucoup Salomon Louis, et n'auraient pas demande mieux que de l'avoir pour gendre, mais il y avait un gros probleme. Les BUYDENS etaient un famille tres catholique, au point que deux des freres de Nicolas Francois BUYDENS etaient cures, l'un etant meme l'archipretre de Namur. Et Salomon Louis etait protestant!  Il semblait socialement impossible aux BUYDENS de marier leur fille a un protestant. Sur ces entrefaits, Salomon Louis fut affecte pendant <> ans a un poste a Maastricht. Il fut donc decide, avec la complicite tacite des parents BUYDENS, d'organiser un enlevement. Avec l'aide de la famille <TESTE>, voisins des BUYDENS, un trousseau fut assemble piece par piece chez les <>, et transporte d'avance a Maastricht. Au jour fixe Salomon Louis vint avec un voiture au milieu de la nuit prendre son Angelique et l'enmena a grand gallop a Maastricht.  La un pretre catholique consentit (en echange de la modeste somme de <>) a celebrer le mariage mixte, qui eut lieu <> 1817. Marie Angelique ANTOINE vint elle-meme a Maastricht assister au mariage de sa fille et insista pour payer le diner de noces, tandis que Niclas Francois BUYDENS, reste a Namur, expediait de son etude une copie du contrat de mariage. Le couple revint assez vite a Namur, ou ils vecurent deux ans chez les BUYDENS et puis s'instalerent dans leur propre maison. Salomon Louis s'installa dans sa position comme <> de l'hopital militaire et une vie studieuse. Laissons les pour le moment a leur bonheur matrimonial.

Charles Guillaume Antoine L.-F. est ne a La Haye le <> 1787. La mere, Anne BERTEAUX, est morte quant il avait 12 ans, et les annees qui suivirent ne furent pas heureuses. Voici le recit que notre ancetre fait de sa propre jeunesse, et la facon dont il se depeint (Lagrange 1904, pp. 43, 50-51):

J'eus une enfance malheureuse.  A 10 ans je perdis ma mere, femme vertueuse et excellente mere et institutrice.  Une de ses soeurs vint prendre la direction du menage; j'eus le malheur qu'elle me prit en aversion sans raison et depuis ce moment toutes sortes d'avanies et de mauvais traitements furent mon partage.  Pour lui plaire il fallait faire comme elle, et bientot je me vis le rebut de la maison.  Ce qui y contribuait beaucoup c'est que, moins partage de talents que mes aines et surtout sans gout pour l'etude des langues mortes, je fis mes classes sans le moindre succes, tandis que mes aines en avaient eu d'eclatants, et mon pere fut oblige de me retirer des ecoles.  Il me destina pour une etude de procureur, mais ma mauvaise ecriture et mon manque d'application dejouerent son plan.  J'avais treize ans quand le hasard me procura la connaissance d'un officier d'artillerie, mon cousin, qui me consseilla d'entrer dans l'Etat militaire.  Cela me plut, et ma requete ayant reussi, je fus fait eleve d'artillerie, le 17 aout 1800.  Cependant je ne veux pas qu'on croie que j'avais entierement perdu mon temps.  Toujours enferme dans la bibliotheque de mon pere qui etait assez nombreuse et fort bien choisie, je lisais toute la journee et j'acquis une masse de connaissances en histoire, mythologie, etc. qui certainement sont peu communes a cet age et m'ont procure bien des agrements par la suite.   [...]
Avant d'aller plus loin, je veux consacrer une page a ebaucher mon propre portrait.  J'ai environ 5 pds 3 ps de France [<>]; bblond fonce, yeux bleus verdatres, le nez et la bouche grands, peu de barbe.  Tout cela ne fait pas un beau garcon, cependant ma physionomie n'est pas desagreable.  Je suis maigre mais muscle et les os gros.  Pas beaucoup d'epaules, et de vilaines jambes.  Ma voix est rauque et faible; mon regard est assure et pres des femmes souvent plein de feu.  Je suis assez fort mais ne resiste pas a la fatigue; en revanche je puis longtemps souffrir sans me plaindre.  J'ai peu ou point d'esprit et d'imagination, mais beaucoup de memoire, ce qui m'en tient lieu ainsi que d'une infinite d'autres choses.  J'ai peu d'elevation dans l'esprit mais du flegme et du sens commun.
Pour du courage (confession singuliere chez un officier qui ne s'est pas mal conduit) je n'en ai pas du tout et me fais du coeur par raison.  Je suis enclin a plusieurs vices, principalement la colere, la volupte, l'orgueil et la vanite; mais les preceptes de l'Evangile, car je suis chretien et cela par conviction, ne me permettent de me livrer ni aux uns ni aux autres.  La modicite de ma fortune me rend econome et a failli me rendre lesineux.  Enfin, en peu de mots, j'ai le coeur bon mais trop faible, le caractere pas assez ferme, la tete froide, ne s'enflammant que par reflexion, et je me crois tres propre a remplir avec succes un poste secondaire, tandis que je craindrai d'echouer dans ceux ou j'agirais d'apres ma tete.
Pour interpreter ce recit il faut savoir que les memoires de Charles ont ete ecrits au jour le jour, a une epoque proches des evenements. Il a du donc peindre ce portrait assez severe (complexe?) de lui-meme pendant sa jeunesse, et peut-etre durant une periode de depression. Il est utile de contraster ce texte avec la description de Charles par son frere Salomon Louis, qui lui ecrivait ses memoires a la fin de sa vie, longtemps apres les faits. L'extrait suivant a ete ecrit en fait plusieurs annees apres la mort de Charles en 1842 (Lagrange 1904, pp. 12-15):
Mon second frere, Charles, avait quatre ans de moins que moi: il etait fort blond, et, au repos, sa figure avait peu d'expression; mais sous l'impression d'une emotion quelconque, elle en acquerait une tres remarquable.  Mon frere aine et moi avions fait de brillantes humanites; mon frere Charles n'y reussit pas: on conclut un peu temerairement qu'il n'etait propre a rien.  Cependant, a peine eut-il aborde les sciences exactes qu'on remarqua son etonnante aptitude.  Une ecolo militaire venait de se former a La Haye.  Il passa de beaux examens d'admission et, au bout de 3 ans, age de 17 ans a peine, il en sortit Lieutenant de 'artillerie et du genie, armes qui etaient a cette epoque reunies en Hollande. [...]
Il etait d'un caractere raide pousse jusqu'a l'entetement; jamais on ne serait parvenu a lui faire abandonner une opinion qu'il croyait juste ni adpter une mesure qu'il n'approuvait pas.  C'etait sans conteste une intelligence d'elite, apte a toutes especes de travaux et les executant sans effort et sans fatigue.  Lui pour qui l'etude des langues anciennes avait ete un ecueil, connaissait a fond plusieurs langues vivantes: l'allemand, l'anglais, l'italien, l'espagnol, pour ne rien dire du hollandais et du francais, lui etaient egalement familiers.  Il etait poete dans toute l'etendue du mot, saisissant avec autant de promptitude que de verite le cote ideal et le cote reel des choses.  Sa repartie etait d'une vivacite foudroyante.  Il tournait delicieusement le couplet et la collection de chansons qu'il a laissee en contient beaucoup que Desaugiers ou Beranger n'auraient pas desavouees.
C'est la une rapide esquisse de son esprit.  Les qualites de con coeur presentaient quelques singularites.  Aimant l'argent, y tenant beaucoup, ayant soin d'avoir toujours un magot en reserve, il etait extremement genereux; et ici j'ouvrirai une parenthese pour en citer quelques traits [...].  Son inferiorite dans les etudes humanitaires lui avait beaucoup nui dans l'estime de la maison paternelle; et une tante venue pour tenir le menage apres la mort de ma mere, l'avait tout particulierement pris en grippe.  Elle le moslestait de toutes facons et ne l'appelait que le vaurien.  Le sort ayany voulu que cette tante tombat plus tard dans le denuement, ce fut Charles qui vint a son secours, l'aidant de sa bourse et de bonnes paroles.  Je l'ai vue dans sa vieillesse, et le remords d'avoir tant maltraite le "vaurien" la poursuivait encore; elle ne parlait de lui qu'avec larmes.
Un autre trait m'est personnel.  Quand je sortis des prisons d'Angleterre, et que j'arrivai a Paris denue de tout, ainsi qu'on le verra plus tard, qui fut ma providence?  Mon frere Charles.  Prevoyant l'embarras ou je pourrais me trouver, et sans me rien demander, il avait, a tout hasard, envoye mille francs a Paris, a la poste restante.  Et quand on songe qu'il ne possedait aucune fortune!  -- Je n'en dirai pas davantage parceque ma parenthese n'en finirait pas, mais ce que je viens de dire n'est qu'une faible partie de ce que l'on pourrait citer a la louange de mon frere.
Notre ancetre avait donc decouvert sa vocation comme officier du genie, specialise dans les fortifications. Lui aussi participa a beaucoup de campagnes de l'Empire, y compris celle d'Espagne ou il contracta en Catalogne la malaria, dont il ne s'est jamais remis et qui devait causer sa mort prematuree en 1842. Il fut pendant un certain emps en poste a l'Ile d'Oberon ou il etait charge des fortifications. Apres Waterloo, lui aussi decida d'opter pour le service dans l'armee Hollandaise. Il fut poste a Menin (Menen), en charge de faire les plans de nouvelles fortifications pour defendre la frontiere sud des Pays Bas contre de futures incursions des armees francaises. En 1826 on essaya de le changer de poste et il donna sa demission, degoute de l'armee hollandaise, demanda sa "demi-solde" (qui etait une forme de pension anticipee) et demenagea a Namur pour etre pres de son frere Salomon Louis. Pour augmenter sa demi-solde il prit un poste d'ingeneur civil dans une compagnie de travaux publics chargee de construire une route entre Dinant et Neuchateau dans la province de Luxembourg, qui avait un reseau routier tres pauvre a l'epoque. Sur ces entrefaits il succomba lui aussi aux charmes d'une des fille BUYDENS et c'est ainsi qu'il en vint a epouser notre ancetre Petronille Henriette BUYDENS le <> 1828. Cette fois, aucun enlevement ne fut necessaire, semble-t'il. Les memoires de Charles s'arretent vers l'epoque de son arrivee a Namur, un peu comme si le bonheur lui avait retire l'inspiration.  Mais il se peut aussi bien sur que sa fille ait trouve les matieres concernant cette periode d'un interet moindre.

La tranquilite domestique des freres va etre bouleversee par la revolution belge en 1830. Quoique culturellement francais, ils sont officiellement des militaires hollandais. (Charles, qui etait doue pour les langues vivantes et avait fait ses etudes a l'Academie Militaire en Hollande, parlait et ecrivait tres bien le Neerlandais; Salomon Louis avait fait ses etudes de philosophie en latin et, de son propre aveu, n'a jamais su parler le Neerlandais facilement, malgre ses efforts pour pratiquer la langue durant son sejour a Maestricht.)  Heureusement, Charles L-F etait ami proche du Baron de Stassart, un homme politique de l'epoque, qui avait un chateau pres de Namur. Le baron de Stassart, qui joua un role important dans cette phase de l'histoire belge, faisait partie du Comite Revolutionnaire et reussi a proteger Charles et son frere des dangers qu'ils auraient pu courir durant cette periode troublee. Louis Salomon fut confirme dans ses fonctions de chef de l'hopital militaire de Namur, et le gouvernement belge accepta de continuer a payer la "demi solde" de Charles (la letter de Stassart au <> fait partie du dossier militaire de Charles dont j'ai copie). En 1834 le ministre de la Guerre <> demanda a Charles d'enseigner le cours de fortifications a l'Ecole Militaire, nouvellement cree a Bruxelles. Charles y fut nomme professeur en <>. Charles et Henriette s'installerent donc a Bruxelles.  Ce fut alors d'apres Elise L-F une periode heureuse pour Charles, qui s'entendait bien avec son superieur, le Colonel Chapelie, et qui publia en <> son cours sur les fortifications en 4 volumes.  Outre ses publications professionelle, Charles a ecrit des pieces de theatre satyriques et un grand nombres de chansons, dont un recueil a ete publie sous le titre de <> .  (Je n'ai pas encore mis la main sur ce volume, ni sur le cours de fortifications.)  Les L-F tenaient un salon actif ou ses collegues et etudiants etaient souvent invite a jouer aux echecs ou au <>.  C'est de cette facon que Jacques Eugene LAGRANGE, qui etait alors etudiant et/ou collegue de Charles et edita la seconde edition de son cours, a du rencontrer Elise, alors toute jeune fille, qui allait plus tarde devenir sa femme.

Vers 1840 Charles a sounis au ministere de la Guerre une demande de fonds pour un voyage d'etude en France afin de visiter les nouvelles fortifications qui avaient ete construites a <>. Une grosse partie du dossier militaire de Charles consiste de la correspondance entre le Colonel Chapelier, le chef de l'Ecole Militaire, et le ministre de la guerre a propos du projet de recherche de Charles. Finalement le ministre de la Guerre refusa les fonds mais permis a Charles de prendre un conge paye pour se remettre la sante, suggerant qu'il pourrait en profiter pour visiter ses fortifications. La lettre du ministre date du <>. Charles est mort le <> 1842, sans doute a la suite d'une rechute de la fievre qu'il avait contractee en Espagne.

Quant a Salomon Louis, il poursuivit a Namur sa carriere d'administrateur et de chercheur medical, publiant une vingtaine de livres et un grand nombre d'articles. Ses memoires sont pleins d'anecdotes pittoresques, y compris le recit de son "boentche" pour la Malibran, fameuse cantatrice de l'epoque qui vivait alors avec son amant a Namur. A la suite d'une mesaventure politique il a pris Namur en grippe et decida de demenager a Bruxelles, ou il se fit construire une Maison rue des Arts, en 1847.  Salomon Louis L-F et Angelique BUYDENS eurent un seul fils, Celestin FALLOT, ne a Namur le <>, apres 20 ans de mariage.  Ce fils a "mal tourne".  Comme l'ecrit Elise L-F, <> . On aimerait savoir la nature des problemes de Celestin FALLOT.

Il y a bien plus a dire a propos des deux freres, mais je m'arrete ici dans ce bref survol.

3. Parents et ancetres de Charles et Louis LAURILLARD-FALLOT

1.  Antoine LAURILLARD-FALLOT et les LAURILLARD de Montbeliard

Le pere de Charles et Louis LAURILLARD-FALLOT etait Antoine LAURILLARD-FALLOT, ne en 1749 a Rotterdam et mort a La Haye en 1813. Antoine L-F etait medecin de profession et on a son portrait suivant de son fils Salomon Louis (Lagrange 1904, p. 7):
Mon pere etait medecin [a La Haye].  Il naquit en 1750 a Rotterdam ou mon grand'pere etait medecin aussi, et obtint le diplome de docteur a Leyde, en 1775, apres avaoir soutenu une these sur la pleuresie.
C'etait un homme d'un esprit remarquable; petit, vif, les traits fins et la physionomie animee, il offrait le type meridional dans toute sa purete.  Son savoir et le charme de ses manieres lui attirerent une clientele considerable, et sans doute il aurait fait fortune si la generosite de son coeur ne l'avait entraine au dela de toute prudence.  Mais a l'epoque de l'emigration francaise, il ne put resister a la compassion que lui inspirait la misere d'un grand nombre de ceux qu'il considerait comme des compatriotes, et il recueillit chez lui, hebergea, protegea tour a tour plusieurs familles de refugies.  Le credit dont il jouissait les preserva d'etre extrades; or, extrade, en ce temps, signifiait etre envoye a la mort.
Les parents d'Antoine etaient Georges Jacob LAURILLARD-FALLOT, ne en 1705 a Montbeliard, et Jeanne Marie DOULHEAC (ou DOUILHAC), qui serait d'une famille protestante du Languedoc.  Georges Jacob LAURILLARD-FALLOT etait le fils de Georges Jacob LAURILLARD, ne en 1676 a Montbeliard, et de Suzanne Marguerite FALLOT (nee en 1679 a Montbeliard), fille de Jean FALLOT et de Elisabeth MATHIOT.  Ce sont les enfants de ce marriages qui ont ete nomme LAURILLARD-FALLOT, en accolant les deux noms. On ne sait pas la raison exacte de cette pratique.  Les familles LAURILLARD et FALLOT etaient d'anciennes familles de Montbeliard.  Il y a encore un grand nombre de FALLOT a Montbeliard et dans la region.  Durant le 20me siecle, il y a eu plusieurs FALLOT qui ont ete maires de Montbeliard.  L'information genealogique dont nous disposons fait remonter la lignee des LAURILLARD de la facon suivante: Georges Jacob LAURILLARD etait le fils de Nicolas LAURILLARD, ne en 1632 a Montbeliard, et de Jeanne RENIE (nee en 1641 a Montbeliard); Nicolas LAURILLARD etait le fils de Jean LAURILLRD (ne en 1602 a Montbeliard) et de Thienette DE LAUNAY (naissance inconnue); Jean LAURILLARD etait le fils de Louis LAURILLARD (ne en 1569, probablement a Porrentruy dans le Jura Suisse) et de Claudine NAVEL (naissance inconnue).  Finalement, Louis LAURILLARD serait le fils d'un Pierre LAURILLARD qui vivait au 16me siecle.  J'ai trouve sur l'internet une traduction anglaise partielle d'une etude par <>, pasteur lutherien, qui a publie en plusieurs parties une etude des familles les plus anciennes de Montbeliard, dans la revue <> (sur laquelle je n'ai pas encore mis la main). Tous les LAURILLARD remonteraient a un Pierre LAURILLARD (ou LOREILLARD -- le nom signifie "qui a de grandes oreilles") qui s'est etabli a Montbeliard vers <> en provenance de Porrentruy (dans le Jura Suisse), accompagne de plusieurs fils deja adultes. Le Pierre LAURILLARD qui est notre ancetre le plus ancien dans cette ligne est donc probablement soit ce Pierre LAURILLARD lui-meme, soit un de ses fils.  Les LAURILLARD etaient des <>.  Un descendant, Leopold LAURILLARD, est devenant le collaborateur du fameux naturaliste Cuvier, et a fait les illustrations de ses ouvrages. Est-ce la le meme don du dessin que l'on retrouve chez Henriette LAGRANGE et plusieurs de ses descendants?

Le nom de Jeanne Marie DOULHEAC (ou DOUILHAC), la mere d'Antoine L-F, repreente probablement le nom de lieu d'origine DOULHAC, localite faisant partie de la commune de Saint-Yrie<>x pres de Limoges.  (Elise LAURILLARD-FALLOT ecrit que les FALLOT seraient du Languedoc [Lagrange 1904, p.<>], mais elle doit confondre avec la famille DOULHEAC.  C'est sans doute cette derniere qui est originaire du Languedoc, puisque les FALLOT proviennent d'une famille ancienne bien connue de Montbeliard.  On pourra rechercher ulterieurement la lignee DOULHEAC.

2.  Anne BERTEAUX et les BERTEAUX de Sedan et de Givonne

La mere de Charles et Louis LAURILLARD-FALLOT etait Anne BERTEAUX, nee a Amsterdam en <>, fille de Salomon BERTEAUX et de Annelise VAN VLIET. Salomon BERTEAUX, adolescent, avait quitte la France vers 17<> apres la confiscation du patrimoine familial a Givonne pres de Sedan au cours d'un episode de persecution anti-Protestants <>. Epousa Annelise VAN VLIET, fille de <>.

On pourra poursuivre plus loin les lignees BERTEAUX et VAN VLIET dans le futur.

4. Quelques petits mysteres resolus

Ici on pause un instant pour essayer de repondre a quelques questions de l'histoire familiale, pour lesquels nous avons maintenant quelques elements d'information..

1. D'ou vient le "Coralie" dans Henriette Coralie LAGRANGE?

Dans sa jeunesse, notre ancetre Charles L-F avait ete amoureux d'une cousine de sa mere, Coralie VAN VLIET, qui etait agee de quelques annees de plus que lui. L'amourette avait duree plusieurs annes. Elise LAURILLARD FALLOT a pu donner ce nom a sa fille en hommage aux sentiments de son pere, et malgre que ce dernier soit mort depuis plusieurs annees quand Henriette Coralie est nee en 1853.  Il se peut aussi que Coralie VAN VLIET soit encore en vie au moment de la naissance d'Henriette, et soit meme la marraine de l'enfant. On pourra peut etre verifier cette possibilite plus tard.

2. Quelle langue(s) parlaient nos ancetres de Namur?

Une anecdote des memoires de Salomon Louis L-F nous donne un appercu linguistique tres interessant sur la famille BUYDENS de Namur. En 1832 Salomon Louis L-F, accompagne de sa femme Angelique BUYDENS, etaient alle a Paris pour etudier l'epidemie de cholera qui ravageait la ville.  Il y rencontra dans les hopitaux le Docteur Broussais, medecin fameux, et se lia d'amitie avec lui.  En visite a Paris de nouveu en 1833, le couple fur rejoint par le beau frere de Salomn, qui etait avocat.  Ce jour la ils avaient ete invite a diner chez le Doctuer Broussais a 6 heure (Lagrange 1904, p. 474):
En attendant le diner, le maitre de la maison nous fit voir sa basse-cour composee de gallinacees de toute provenance, puis sa collection phrenologique.  [...] il consentit a nous dire quelque chose des nombreux platres qu'elle contenait.  Entraine par la chaleur de son improvisation, se laissant aller a l'abondance des idees qui surgissaient dans son esprit, il ne s'apercut point de l'ecoulement des heures.  En vain sa gouvernante fit elle avertir iterativement que les plats se refroidissaient, il n'en tenait aucun compte.  Mon beau-frere, qui se souciait peu de la demonstration et qui enrageait de faim, coulait dans l'oreille de sa soeur, plus attentive ou plus resignee que lui, des imprecations energiques en patois de Namur.  Il etait 9 heures quand on se mit a table!
Donc les enfants BUYDENS etaient capable de parler le wallon, en plus du francais.  Si ces enfants eduques d'une famille prospere, en milieu urbain, parlaient wallon, il est bien certain que les ROLIN de Ciney et de Jannee-Pessoux, issus de milieu rural et sans doute moins bien eduques (en ce qui concerne les generations avant Nicolas Joseph BORLON/ROLIN et son cousin Jean Joseph ROLIN) devaient parler wallon bien plus volontier encore. Achille ROLIN savait-il encore le wallon? Veuillez me faire savoir toute information a ce sujet.

3. Comment Achille ROLIN et Henriette Coralie LAGRANGE se sont-ils rencontres?

On sait maintenant que nous avons deux lignees d'ancetres qui ont sejourne a Namur, mais d'une facon apparemment entierement independente.  On a d'une part les ROLIN, avec le depart de Nicolas Joseph ROLIN de Ciney sans doute vers 1830 ou 1835, son mariage a Namur avec Marie Elisabeth WERY en 18<>, la naissance d'Achille en 1839 et de Leopoldine en 1841, et puis le depart d'Achille de Namur et son installation eventuelle dans la capitale, peut etre vers 1860.  On a d'autre part les freres LAURILLARD-FALLOT, Charles qui a vecu a Namur environ de 1826 a 1834, avec une periode dans le village de Vignee dans le Luxembourg, et Salomon Louis qui y a vecu entre 1816 et 1848<?>, avant de s'installer a Bruxelles; les freres ont chacun epouse une fille BUYDENS, famille Namuroise etablie.  Pendant tout un temps durant ma recherche de ces deux lignees, je n'ai trouve aucun point de contact. En fait, les deux familles appartenant a des milieux sociaux tres differents, il est tres possible que leurs chemins ne se soient jamais croise a Namur. Jusqu'au jour ou j'ai vu pour la premiere fois l'acte de deces de Nicolas Joseph ROLIN, le <> 185<>.  Et la, coup de chance! Le premier des deux temoins qui sont venus a la maison communale declarer la mort de Nicolas Joseph n'est autre qu'un Charles BUYDENS, de profession notaire, qui se dit ami du defunt. On sent bien qu'un nom comme BUYDENS ne doit pas courir les rues a Namur.  Et encore moins des notaires appeles BUYDENS!  Et en fait ce Charles BUYDENS doit etre (je n'en ai pas encore la preuve, mais elle doit exister) un des fils de notre ancetre Nicolas Francois BUYDENS. Que Nicolas Joseph ROLIN, commis du greffe de <>, ait pu rencontrer le notaire BUYDENS dans les milieux judiciaires n'est pas surprenant. Et c'est sans doute par l'intermediaire de Charles BUYDENS que le jeune Achille ROLIN, qui a alors <> ans, sera un jour introduit aupres de Henriette Coralie LAGRANGE, la petite-fille de sa soeur Petronille Henriette BUYDENS. Donc, si les choses se sont bien passe de cette facon, la connection ROLIN-LAGRANGE aurait son origine ultime a Namur.

4.  CLADEL

<A paraitre>

5.  MULHEIM

<A paraitre>
 



Derniere revision le 30 juillet 2000